Au Togo, le vaccin contre le papillomavirus fait son entrée dans la vaccination de routine

Il est 9 heures au Lycée d’Agoe-Est, situé dans la banlieue nord de Lomé. Ce mardi 28 novembre 2023, l’esplanade de l’école devient le théâtre d’une scène inhabituelle : des élèves, exclusivement des filles, forment des files d’attente, chacune recevant une dose de vaccin. Daoudao Barina, âgée de 12 ans et en classe de 5ème, déclare avec un sourire radieux : « C’est le vaccin contre le virus du papillome humain (VPH) qui va me protéger d’un éventuel cancer du col de l’utérus. » Les preuves d’accord parental sont bien en vue, détenues non seulement par Daoudao mais aussi par d’autres filles en attente de la vaccination.

En raison de l’âge du groupe cible (9 à 14 ans), une autorisation parentale était nécessaire pour la vaccination lancée la veille par le gouvernement. Les autorités sanitaires ont ainsi expédié des demandes d’autorisation aux parents, accompagnées d’une copie de leur pièce d’identité. Une jeune élève témoigne : « J’ai remis la fiche à mon père. Il l’a signée sans discuter. En réalité, il était déjà informé de la maladie », juste avant de recevoir une dose de vaccin, sous le regard curieux de ses camarades garçons.

En ciblant les jeunes avant toute exposition au VPH, principalement transmis par voie sexuelle, le vaccin peut agir de manière plus efficace, car il est conçu pour prévenir les infections virales avant qu’elles ne surviennent. Cela réduit donc considérablement le risque de développer des infections persistantes pouvant éventuellement conduire au cancer du col de l’utérus, une maladie potentiellement mortelle.

En 2022, près de deux millions de femmes en âge de procréer au Togo étaient à risque de développer le cancer du col de l’utérus, le deuxième cancer le plus répandu chez les femmes togolaises, juste derrière celui du sein.

Adegnon, un parent d’élève, partage son soulagement : « C’est un soulagement de savoir que ma fille est désormais protégée contre ce cancer. Quand on a une idée des ravages du cancer du col de l’utérus et le coût de la prise en charge dans notre pays, nous ne pouvons qu’adhérer à cette campagne de vaccination salvatrice », confie-t-il en tant que témoin de cette nouvelle vaccination à l’établissement scolaire.

La file des candidates à la vaccination ne cesse de s’allonger, et l’agent de santé communautaire chargé de la vérification des fiches d’autorisation se réjouit : « La mobilisation des élèves est importante. Le message est bien passé. »

Selon les chiffres du ministère de la Santé, près de 600 femmes reçoivent le diagnostic du cancer du col de l’utérus chaque année au Togo, et malheureusement, plus de 400 d’entre elles décèdent des suites de la maladie. Pour contrer ce fléau, les autorités sanitaires ont décidé d’introduire le vaccin contre le VPH dans le programme de vaccination de routine, réalisée en collaboration avec des partenaires tels que l’Alliance du vaccin (Gavi), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) et le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA). Cette initiative bénéficie également du soutien d’autres acteurs locaux, tels que la Croix Rouge Togolaise, la Société Civile (POSCVI) et le Secteur Privé de la santé, qui contribuent à la mise en œuvre de la stratégie de vaccination contre le papillomavirus.

En prélude à l’intégration du vaccin, une campagne de vaccination a été lancée le 27 novembre à Tohoun, localité située à environ 150 km au nord de Lomé. L’objectif de cette campagne, se déroulant aussi bien dans les formations sanitaires que dans les écoles avec des équipes mobiles, est de vacciner 656,240 filles de 9 à 14 ans.

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