Au Togo, les hépatites déciment en silence

En Afrique de l’Ouest, le Togo est l’un des pays où les hépatites sont fortement endémiques. Cette maladie infectieuse, méconnue de la population, continue de se propager. La Ligue togolaise de lutte contre les hépatites estime la prévalence à 15 % sur l’ensemble du territoire et à 35 % dans le nord. Face à cette réalité alarmante, des associations et des spécialistes appellent à la mise en place d’un programme de lutte contre l’hépatite.

Le rôle crucial de la vaccination

La vaccination est essentielle pour prévenir les hépatites, en particulier l’hépatite B, qui peut devenir chronique et provoquer des complications graves. En Afrique, plus de 90 millions de personnes sont atteintes d’une hépatite, soit 26 % des cas mondiaux. La maladie passe souvent inaperçue jusqu’à un stade avancé, ce qui entraîne des décès évitables.

Le vaccin contre l’hépatite B, administré en trois doses, est très efficace. Il est recommandé de vacciner les enfants dès la naissance pour prévenir la transmission de la mère à l’enfant. Cependant, les adultes, en particulier ceux à haut risque, peuvent également être vaccinés.

Au Togo, bien que le vaccin soit inclus dans le programme de vaccination infantile, de nombreux défis subsistent : accès limité aux soins de santé et manque de sensibilisation. En Afrique, la prévalence de l’hépatite B chez les enfants de moins de cinq ans est encore de 2,5 %, bien que seuls 14 pays aient réussi à réduire ce taux à 1 %.

Le Rapport mondial sur l’hépatite 2021 de l’OMS indique que seulement 2 % des Africains atteints de l’hépatite B et 5 % de ceux atteints de l’hépatite C connaissent leur statut, et très peu reçoivent un traitement.

Des associations se mobilisent en attendant un programme dédié

Aux côtés de la Société togolaise d’hépato-gastroentérologie, qui se concentre principalement sur la sensibilisation concernant les hépatites virales (B et C), plusieurs associations et organismes se battent contre les hépatites. C’est le cas de la Nouvelle Formule Sanitaire (NFS-Togo) mentionnée précédemment. Elle organise régulièrement des activités visant à sensibiliser les populations, notamment par le biais de « campagnes de dépistage et de vaccination fiables à coût réduit », selon son premier responsable.

« Nous utilisons les médias sociaux ainsi que les médias traditionnels, et nous organisons des campagnes sur le terrain (dans les églises, les écoles, les universités), partout où il y a un rassemblement. Nous orientons et conseillons pour la prise en charge des cas positifs. Nous attirons également l’attention des décideurs sur la nécessité d’entreprendre des actions immédiates contre ce fléau », ajoute Kpônou Tobossi.

Mais le grand chantier, selon NSF, reste l’institutionnalisation d’un programme spécifiquement dédié à la lutte contre les hépatites. En effet, malgré la forte endémicité, le Togo ne dispose toujours pas d’un programme national de lutte contre les hépatites. Même dans le Programme national de lutte contre le VIH/SIDA, une division contre les hépatites a été intégrée, mais l’impact reste très relatif.

Selon Kpônou Tobossi, un programme entièrement consacré aux hépatites peut renforcer la lutte contre la maladie. « Ce programme réduira les nouvelles infections qui favorisent l’émergence de futures prévalences et de cas graves. Il permettra aux personnes infectées de bénéficier d’un suivi et d’un traitement, ce qui réduira les risques de complications graves », précise-t-il.

« L’avantage d’avoir un programme de lutte contre l’hépatite virale est de mieux organiser la réponse contre ce virus en mettant à disposition des données fiables, nationales, sur la prévalence de l’hépatite virale dans notre pays. Ce programme devrait également permettre de mettre en place une véritable stratégie de lutte contre les hépatites virales, comme cela se fait dans d’autres pays dans le monde », martèle le professeur Aklesso Bagny.

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